Saint-Jérôme (le 16 septembre 2022) – Lors du débat sur la santé dans les Laurentides tenu au Cégep de Saint-Jérôme le 13 septembre, c’est à l’unisson que les cinq représentant.e.s des principaux partis politiques des 10 circonscriptions de la région ont reconnu les graves problèmes d’accès aux soins de santé dans la région. À l’unanimité, ils ont également confirmé leur volonté de corriger le sous-financement chronique, la sous-représentation nationale des professionnels de la santé, le sous-financement des organismes communautaires ainsi que les essentielles rénovations de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme et des cinq autres centres hospitaliers. Cependant, aucun engagement concret chiffré ni aucun échéancier n’ont encore été présentés à la population lors de cet événement organisé par la Coalition Santé Laurentides (CSL).

« Nous avons eu droit à un débat très civilisé et courtois. C’est positif dans le climat difficile pour la démocratie ces temps-ci » a d’abord félicité le président de la CSL, M. Marc L’Heureux. « Puis, les représentant.e.s des cinq formations politiques ont reconnu l’ensemble des graves problèmes que vivent les Laurentiens quant aux accès aux soins de santé. C’est pourquoi nous sommes surpris et déçus qu’il n’y ait pas eu d’engagements financiers concrets ni d’échéanciers présentés. »

Cette surprise du vice-président du Conseil des préfets et élus des Laurentides s’explique notamment par le fait que les thèmes du débat avaient été transmis à l’avance aux participant.e.s. Ils et elles savaient que les infrastructures hospitalières, le sous-financement chronique de la région, les ressources professionnelles et l’aide du milieu (économie sociale et organismes communautaires) seraient abordés avec cinq questions et quelques sous-questions. Les questions étaient également directes quant à l’engagement, ou non, des partis politiques.

En guise de réponses, chacun.e a reconnu les problèmes sous des angles différents en insistant sur l’importance de mettre en œuvre des solutions envers ces enjeux. Cependant, aucun engagement chiffré n’a été offert sauf exceptionnellement ou au niveau national. Le candidat de la CAQ et député sortant de Saint-Jérôme, Youri Chassin, a quant à lui défendu un bilan plus chiffré et promis que des annonces se feraient pour Saint-Jérôme, notamment lors du dépôt du prochain Plan Québécois des Infrastructures (PQI), qui est le document gouvernemental dans lequel se trouve les sommes allouées pour les grands investissements au Québec. 

Hôpital régional de Saint-Jérôme

M. Chassin a toutefois été critiqué par les partis d’opposition qui ont insisté sur le manque de progrès significatifs alors que la région comptait 10 député.e.s de la CAQ. De ce fait, aucune annonce significative n’a été faite depuis celles des 450 millions $ pour Saint-Jérôme, ce qui représentait seulement le tiers des besoins de 2018 pour cet hôpital. Aujourd’hui, selon les chiffres obtenus par la CSL, il faudrait 2 milliards $ en plus pour seulement mettre à niveau l’Hôpital régional de Saint-Jérôme. Qui plus est, la candidate Rose Crevier-Dagenais de Québec Solidaire (QS-Prévost) et le candidat Karim Élayoubi du Parti Conservateur du Québec (PCQ-Argenteuil) ont questionné les choix de priorisation d’allocation de ces 450 millions $, entre autres pour ce qui est du stationnement et du bloc opératoire alors que les patients s’empilent littéralement à l’urgence et n’ont pas accès à suffisamment de chambres. 

À noter qu’initialement, le modérateur avait demandé si les partis politiques pouvaient s’engager de la même manière que le ministre Dubé l’a fait pour Maisonneuve-Rosemont pour lequel pas moins de 4,2 milliards $ ont été promis. 

Cinq autres centres hospitaliers

Par ailleurs, malgré les millions de dollars annoncés il y a quelques années pour Mont-Laurier, les projets ne peuvent se réaliser complètement. L’unité des naissances qui y était planifiée a dû être annulée. On remarquera ici encore que les sommes prévues pour Mont-Laurier et
Saint-Eustache ne représentaient, elles aussi, que le tiers des besoins identifiés il y a quatre ans. De même, rien n’est actuellement concrètement prévu pour les trois autres centres hospitaliers de la région sauf peut-être des plans cliniques (phase d’étude préliminaire) de projets potentiels.

De manière générale, les candidat.e.s ont évoqué l’importance des investissements à venir au PQI et, pour la candidate Sandrine Michon du Parti Québécois (PQ-Saint-Jérôme) et Mme Crevier-Dagenais de QS, l’équité régionale a été soulevée comme principe à respecter pour la région. Chez le candidat Martin Plante du Parti Libéral du Québec (PLQ-Saint-Jérôme) on a proposé la parité de 2,5 lits par 100 habitants dans la région. 

En revanche, ici encore, aucun engagement financier clair ni échéancier n’ont été promis.

Manque cruel de professionnels en santé

Du côté des problèmes de la main-d’œuvre professionnelle, tous et toutes se sont entendus pour reconnaitre le manque important dans les Laurentides, et pour Mme Crevier-Dagenais de QS, les problèmes de gestion pour lesquelles le secteur privé aurait un effet négatif en accaparant des ressources infirmières importantes. À ce chapitre, Mme Michon du PQ a abondé dans le même sens en souhaitant aussi la fin du temps supplémentaire obligatoire (TSO) et une meilleure autogestion des horaires. Du côté de M. Plante (PLQ) et de M Élayoubi (PCQ), on a évoqué l’immigration de médecins et la reconnaissance des diplômes comme solution à court terme. Quant à M. Chassin (CAQ), on a rappelé les mesures déjà mises en place et les progrès en cours. De part et d’autre, le recours aux infirmières spécialisées et aux autres professionnels de la santé a été mis en lumière comme piste de solution. 

Néanmoins, ces pistes de solutions sont d’ordre national. Il n’y a rien eu de précis pour la région des Laurentides. Pourtant, le fait qu’elle soit largement en sous-effectifs par rapport au reste du Québec avait été bien évoqué dans la question. 

Sous-financement chronique

Cette approche « nationale » s’est aussi fait sentir dans la section sur le sous-financement chronique des Laurentides. Dans la question, il était clairement dit que les investissements en santé sont de 1 900 $/personne dans les Laurentides par rapport à 3 200 $/personne dans le reste du Québec. Pourtant, la réponse de Mme Crevier-Dagenais (QS) a tourné autour des moyens d’économiser des sommes à réinvestir dans le réseau de la santé et sur les soins à domicile pour le Québec. Du côté de M. Chassin (CAQ), on a défendu le bilan qui comprend quelques équipements et de légères modulations dans l’attribution des médecins; avec un souhait de poursuivre le travail. À noter que M. Élayoubi (PCQ) a mis de l’avant l’importance de corriger les iniquités au PQI pour qu’il puisse être pondéré au poids démographique de la région.

Une meilleure participation du privé a été proposée par M. Élayoubi (PCQ) et M. Chassin (CAQ) mais remise en question par Mme Crevier-Dagenais (QS) et M. Plante (PLQ). Quant à Mme Michon (PQ), elle a questionné les baisses d’impôts proposées en relation avec le sous-financement des services.

Les candidat.e.s n’ont pas remis en question la proposition que le secteur d’Antoine-Labelle obtienne un statut particulier et donc des rémunérations en conséquence pour plusieurs professionnels de la santé.

Support du milieu

Enfin, malgré le sous-investissement des organismes communautaires, on remarque une certaine amélioration dans leur financement. L’ensemble des participant.e.s s’entendent pour dire que leur support en matière de prévention et de suivi est essentiel au réseau de la santé. Mme Michon du PQ a d’ailleurs mis en évidence les problèmes d’itinérance grandissant dans la région. En l’occurrence, leur financement devrait être beaucoup mieux adapté. 

Mais ici encore, les promesses sont d’ordre national; si ce n’est une certaine volonté de rendre le financement équitable par rapport au reste du Québec. Le candidat Élayoubi du PCQ a dit pour sa part souhaiter des études avant de prendre position. 

« Nous souhaitons maintenant que les partis politiques s’engagent concrètement, avec des chiffres et des échéanciers, d’ici la fin de campagne électorale. Tout le monde connait la situation. Les données sont disponibles pour l’ensemble des partis politiques et leurs cadres budgétaires ont été déposés. Ils peuvent maintenant prendre des engagements clairs. La population des Laurentides mérite ce respect et est en droit de savoir ce que les partis politiques ont à offrir concrètement comme solutions. La Coalition leur demande donc de répondre à ces questions et de prendre des engagements concrets d’ici le mardi 27 septembre. La Coalition s’engage à rendre public les réponses qu’elle aura obtenues, » conclut M. L’Heureux.

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Source et informations

Karine Parizeau,
Adjointe à la direction
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